• Rencontre avec Jérome Lambert ( Champion de France Handisport )

    Une nouvelle vie et un vrai exemple pour tous

     

    Il y a 5 ans, la vie du sympathique coureur Jérome Lambert a basculé à la suite d’un grave accident de moto le 25 Février 2008. Quelques mois de coma et la perte d’une jambe. Sa vie aurait pu s’effronder à ce moment là. Mais sa force de caractère ont fait que pour lui « Ce sera un second souffle dans sa vie » et non une fatalité. Quel exemple, il nous donne aujourd’hui parmi tous ces jeunes qui envie sa hargne. Mais par-dessus tout, sa victoire aujourd’hui, c’est qu’on le considère comme un coureur à part entière. Ce Dimanche 09 Mars, il est revenu sur les lieux de son accident. Même s’il n’a pas gagné ce jour là, il a montré à tous qu’on pouvait s’en sortir et venir se confronter aux autres valides. Assurément un grand champion.

    Le reporter de VELODOM Dominique BERTOUT l’a rencontré, il parle tout d’abord de son handicap à travers une superbe vidéo avant de revenir sur tout ce parcours depuis 5 ans.

    Une vidéo à voir absolument

    http://www.youtube.com/watch?v=SkkeI7fAIno&feature=share

    D.Bertout : « Jérome, peux tu tout d’abord nous décrire qu’est ce qu’un handicap ? »
    J.Lambert : « Pour ma part, être handicapé par quelque chose c'est avoir un obstacle ou une difficulté supplémentaire à surmonter pour réaliser un " travail " par rapport à quelqu'un d'autre. En cyclisme, je suis handicapé pour rouler mais je ne suis pas handicapé pour parler à une foule de personnes contrairement à quelqu'un de timide. »

    D.Bertout : «  Vois tu une complicité entre la société actuelle et le handisport ? »
    J.Lambert : « Pour répondre simplement, le handisport me permet d'être au plus haut niveau tout en étant au contact de monsieur et madame '' tout le monde ''. En effet, les athlètes valides ont parfois tendance à vivre dans leur milieu fermé, à s'entrainer seul ou entre eux. L'avantage que j'ai c'est que mes performances sont équivalentes à celles d'un bon sportif valide régional. Cela me permet de pouvoir rouler et partager mes entrainements avec tout le monde. Il y a un vrai échange, ils m'apportent leurs roues pour m'entrainer et je leur apporte de quoi discuter (rires); " donnons le meilleur pour n'avoir aucun regret ".

    Depuis quelques années maintenant, le public et les entreprises voient dans le handisport une source d'intérêt notamment dans la notion du '' dépassement de soi ''.

    En période de crise, les gens ont besoin d'espoir, de modèle de " courage " mais aussi d'être rassurés. Ils peuvent se dire : « Ah oui ! finalement il y a pire que moi ! ». Quand j'entends cela, je me dis : « Ah si vous saviez ! Ne soyez pas si sûr d'être plus heureux que moi ! ».

    D.Bertout : «  y a-t-il eu un sentiment d’injustice, de rancœur contre ton précédent métier de fonctionnaire de police ? Comment as-tu vécu ca ? « Rappelons qu’après l’accident, il a été inapte médicalement à remplir un poste actif, mais aussi administratif, il en a appelé au ministre de l'intérieur de l'époque Brice Hortefeux) »
    J.Lambert : « Étant actuellement détaché par le ministère de l'intérieur en tant que sportif de haut niveau para-cycliste pour pouvoir évoluer sur les compétitions internationales, je dirais qu'il faut de la patience pour faire évoluer les mentalités. Il faut savoir s'adapter quand on pourrait penser que cela va mal. »

    D.Bertout : « Quelle est la différence entre le sportif que tu étais avant l'accident et celui que tu es devenu à présent ? »
    J.Lambert : «  La différence n°1 : jambe (rires). Plus sérieusement, avant et après mon accident mes objectifs de vie étaient totalement différents. Avant mon accident, j'avais un métier de fonctionnaire de police et je considérais le vélo comme un loisir sans plus. Après l'accident, c'est devenu une autre histoire, j'en ai fait un objectif principal. J'ai souhaité me reconstruire grâce à la pratique du cyclisme et je souhaitais profiter de cette seconde vie qui commencer pour me prouver de quoi j'étais vraiment capable sportivement mais également dans d 'autres domaines (humainement). Mon accident a donné un sens profond à ce que je fais. »

    D.Bertout : «  Est-ce que tu aurais pu concevoir une carrière cycliste profesionnelle avant ton accident ? »
    J.Lambert : «  Pour pouvoir concevoir une carrière professionnelle , il fallait déjà le vouloir. Honnêtement, je préférais servir le public sur les routes, aider les pompiers à sécuriser des lieux d'accident de la route ou même arrêter les voleurs plutôt que passer mon temps à être en danseuse sur les routes. Maintenant c'est différent, j'ai un réel message à faire passer. »

    D.Bertout : «  Peux-tu nous parler de ton équipement spécifique sur ton vélo ? Bénéficies-tu du progrès technique ? »
    J.Lambert : «  Honnêtement de mon côté, il n'est pas question de progrès technique, je bricole tout moi-même. Toutes les adaptations que j'effectue sont personnelles. En France contrairement aux États-Unis qui ont subi quelques guerres meurtrières, les amputés sont assez mal équipé dans ce domaine. Il faut tout penser soi-même et se trouver un prothésiste motivé pour nous aider. »

    D.Bertout : « Aujourd’hui, comment envisages tu l’avenir du Handisport ? »
    J.Lambert : « Le handisport change, se professionnalise. Le niveau augmente d'année en année avec des nations qui s'intéressent de plus en plus à leurs athlètes handisport. L'UCI (Union Cycliste Internationale) gère maintenant depuis quelques années le handisport ce qui nous a permis de faire un grand pas en avant en terme d'intégration. »

    D.Bertout : « Pour finir cet interview, peux-tu nous parler de tes objectifs 2014 et ton avenir dans le vélo ? »
    J.Lambert : « Cette année 2014 va être décisive pour mon quotidien futur. Côté médical, je rentre très prochainement en hospitalisation de jour au centre l'espoir à hellemmes pour tenter de trouver une solution durable à la marche. Les tests de prothèse de vélo abiment régulièrement mon moignon fragile et m'empêchent d'utiliser une prothèse de marche. Cela fait 6 années maintenant que j'alterne cannes anglaises et tests prothèses de vélo (1h30 de test tous les 3 mois),et marche (1 semaine de plaisir tous les 2 mois). Cette année sera ma dernière année de test. Il me faudra savoir faire la différence entre persévérance et obstination. Cette hospitalisation ne m'empêchera pas de m'entrainer ni de m'éclater les tripes le week end sur le vélo.

    Côté sportif: J'ai un rendez-vous important début mai en Italie lors de la 1ère manche de coupe du monde. Là-bas, je devrais dans un premier temps passer devant un jury de kinés , médecins et autres décideurs. Nous évoquerons ma situation médical et ferons homologuer par l'UCI, l'appareillage que j'ai créé avec l'aide d'un prothésiste de la région. Cet appareillage est une solution alternative qui me permet d'évoluer sereinement sur un vélo à 2 pédales sans me blesser. Néanmoins nous sommes loin de retrouver la performance d'une réelle prothèse de jambe. C’est beaucoup mieux que d’évoluer sur un vélo à une seule pédale (4ans de mono pédalage).  L'UCI décidera sur place de la catégorie de handicap dans laquelle je devrais courir sur les compétitions handisports internationales. Il y a de grandes chances que ce soit dans une catégorie entre les monopétales et les coureurs à prothèse tibiale.

    J'espère pouvoir Mi juin aller chercher un 4ème titre consécutif de champion de France route puis pouvoir vendre ma peau très cher aux championnats du monde, début septembre, aux Etats Unis. Je ferais un point sur mon avenir sportif en septembre 2014 car il est étroitement lié à mon capital santé. »

     

     

    Jérome Lambert, c’est avant tout une philosophie. Un vrai exemple pour tous. 2014 sera une année décisive pour lui et compte briller tout en haut de la hiérarchie mondiale. Cela sous un seul maitre mot «  Résilience » qui veut dire rebondir. Ses grandes qualités de rouleur mais aussi morales vont certainement l’aider à conclure son rêve. Chapeau à lui et bon courage dans ses futurs objectifs.

     

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  • Commentaires

    1
    Geoffrey Mericourt
    Samedi 15 Mars 2014 à 09:27

    J ai eu l occasion de rouler un peu avec votre groupe un mercredi sur Kemmelberg et l'ambiance semble en effet sympa. Bonne saison !

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