Damien Kebdani en bleu blanc rouge.

Au départ des championnats nationaux, le comité Nord Pas de Calais avait fière allure avec de vrais guerriers prêt à en découdre. La chaleur n’aura pas permis à certain d’aller jusqu’au bout de leur rêve hormis notre grand espoir du cyclisme Damien Kebdani qui aura été au top de sa forme le Jour J.  Après une course éblouissante, il récolte le graal après avoir été champion national cadet. Du grand art, pour ce sympathique coureur, discret et bosseur. Du grand bonheur aussi pour SON Président Alain Vicquelin. Maintenant place au National CLM où l’a encore il aura de sérieuses prétentions.

Le reporter de VELODOM l’a rencontré. Le coureur revient sur le national et évoque ses ambitions futures.

D.Bertout : «  Après un début de saison discret, tu atteins les sommets au France, quelle a été ta préparation ? »
D.Kebdani ; «  Il est vrai que mon début de saison a été relativement discret, en particulier concernant les résultats. L'an dernier, j'amorçais les championnats de France en m'étant imposé sur les championnats départementaux et régionaux et en ayant remporté le CLM de Le Perchay. J'ai cette année eu beaucoup moins de réussite sur ces épreuves : je finis 2nd à Le Perchay pour 4 secondes, je manque de vigilance aux championnats départementaux et termine 3ème et je crève aux championnats régionaux puis ne parvient pas à me défaire des mes adversaires. Cependant, dans l'optique de la préparation des championnats de France, le plus important selon moi reste les sensations, surtout en course. Or, même si je n'ai pas réussi à m'imposer sur route lors de la première partie de la saison, il me semblait être en meilleure condition physique cette année. Lors de ma première course, à Sebourg, j'ai entamé la saison à un niveau légèrement plus élevé que l'an dernier, puis mes sensations ont rapidement été assez bonnes, en particulier sur certaines courses comprenant une difficulté comme à Pont-sur-Sambre ou encore à la course du Mont Saint-Aubert où je termine 2nd. J'ai préparé ces championnats en gardant à l'esprit que la course ne se disputerait qu'en Juillet et sur un circuit annoncé comme exigeant. Il m'apparaissait donc essentiel de ne pas faire trop d'efforts cet hiver, surtout dans des conditions météo très difficiles, afin de préserver mon organisme jusqu'au mois d'Avril où les entrainements ont commencé à être un peu plus sérieux. »

D.Bertout : «  Raconte nous ta course jusqu'à ton sacre »
D.Kebdani : « Le peloton est parti assez vite, les premiers kilomètres étant plutôt descendant. Très vite j'ai pu constater que la course serait très nerveuse et plusieurs fois il a fallu jouer des coudes pour ne pas chuter. J'attendais beaucoup du premier tour pour savoir si, comme prévu, la forme était au rendez-vous. Parti dans les dernières positions du peloton, j'ai attendu la fin du premier tour et la difficulté du circuit (une côte sans très forts pourcentages mais longue d'environ 2km) pour remonter sans prendre de risques. Un coureur (Somme) était alors déjà parti à l'avant de la course. Je connaissais ce coureur et savais qu'il était fort en CLM et donc capable d'un effort solitaire. Mais la difficulté du circuit et la forte chaleur rendaient impossible une échappée solitaire aussi longue et jusqu'à mi-course il n'y avait donc aucune raison de s'affoler. Alors qu'il disposait de 30 secondes à la fin du premier tour, il creusa son écart jusqu'à un peu plus de 2 minutes dans le 4ème tour. A ce moment, alors que le peloton compte encore une cinquantaine d'unités, je décide de faire l'effort dans la bosse. Au sommet, seul un coureur de la Charente est dans ma roue, je me retourne et voit à quelques secondes un trio dont deux coureurs de l'Oise et un coureur de la Charente. Nous les attendons et nous nous retrouvons donc à 5 en poursuite. Sur 4-5 kilomètres nous réduisons sensiblement l'écart qui n'est plus que de 25 secondes. Mais ce qui reste du peloton (environ 15 coureurs) parvient à refaire son retard (un groupe d'environ 25-30 coureurs a donc été définitivement distancé dans la 4ème ascension). Au pied de la 5ème bosse nous sommes donc une vingtaine derrière le coureur parti dés le premier tour et que nous rattrapons peu de temps après. Un tour plus tard, quelques coureurs ont tenté de prendre les devants, sans succès. Dans la bosse, je me glisse dans un groupe de 5-6 coureurs mais le peloton revient rapidement dans la descente. Dans l'avant-dernier tour, un coureur de la Seine et Marne part seul en tête. Dans un premier temps j'attend une réaction du groupe, mais personne ne réagit et l'écart commence a grandir. Dans l'avant-dernière bosse je décide d'attaquer pour revenir à l'avant de la course. Rapidement, je parviens à revenir seul sur l'homme de tête. Derrière, un coureur de l'Oise tente de faire l'effort, le reste du groupe étant distancé à plusieurs longueurs. Je reste quelques mètres dans la roue du coureur de Seine et Marne et dés que le coureur de l'Oise est presque revenu je replace une attaque pour essayer de le démoraliser. Au sommet de la bosse je suis donc seul en tête, deux solutions s'offrent alors à moi : jeter toutes mes forces dans la bataille en prenant le risque d'être repris et de ne plus pouvoir jouer l'arrivée, ou assurer. Je décide donc d'appuyer suffisamment fort pour creuser l'écart avec le peloton tout en permettant aux deux coureurs lancé à ma poursuite de revenir. A 5 kilomètres de l'arrivée nous sommes donc 3 en tête et l'ardoisier nous indique 45 secondes : la victoire se disputera entre nous trois. Alors que nous approchons de l'ascension finale nous sommes encore groupés mais je sens que mes deux adversaires sont sur leurs gardes. Dans les premiers mètres de la côte, alors que je suis en troisième position, le coureur de l'Oise tente un coup de bluff et laisse le coureur de Seine et Marne prendre une vingtaine de mètres. L'arrivée est encore à 2km mais il aurait été vraiment dommage de se faire avoir bêtement de cette façon. J'attaque donc dés le pied de la bosse. Pendant environ 400 mètres je vois que le coureur de l'Oise tente de revenir mais il perd progressivement du terrain. A environ 1km de l'arrivée, mes deux adversaires ont définitivement abandonné, il ne me restait plus qu'à conclure. »

D.Bertout : «  Tes impressions après l'arrivée ? »
D.Kebdani : « Un très grand soulagement après l'arrivée et beaucoup de bonheur. Réussir à m'imposer aux championnats de France est une très grande satisfaction, c'est la récompense d'un travail difficile pendant plusieurs semaines. Je suis également très satisfait de notre résultat par équipe puisque nous prenons la seconde place du podium, il n'a pas manqué grand chose pour que nous finissions premier. Immédiatement après la course je pense aux personnes qui me soutiennent. Mes parents, et mon père tout particulièrement, qui m'encouragent depuis que je fais du cyclisme. Gérard Carrette, qui me donne de précieux conseils pour aborder les grands rendez-vous dans les meilleurs conditions, aussi bien physiquement que mentalement. L'US Saint-André et en particulier Alain Vicquelin qui donne beaucoup de son temps pour permettre aux coureurs de pratiquer leur passion »

D.Bertout : « Un 2ème grand objectif de la saison, le France CLM, tu vises le doublé ? »
D.Kebdani : « Bien sur, le doublé est un objectif, depuis deux ans déjà. En 2011 j'ai rapidement compris que ça ne serait pas possible, n'ayant pas pu préparer le France route et le France CLM ayant été annulé. En 2012, le doublé n'était d'ores et déjà plus possible après le France route même si il n'aura finalement pas manqué grand chose pour y parvenir. Cette année, tous les rêves sont encore possibles. Je vais tout faire pour conserver mon titre sur Contre-la-Montre en Septembre prochain, mais ça ne sera pas facile. Le niveau est très relevé et il me faudra être en très bonne condition physique pour réussir ce doublé qu'a réussi Romain Baele en 2005. »

D.Bertout : «  Quels sont tes objectifs de fin de saison ? »
D.Kebdani : « Mon unique réel objectif de la fin de saison est le championnat de france CLM. Pour le reste, comme d'habitude, l'objectif est de se faire plaisir. Si j'arrive à faire quelques résultats je serais content mais ça n'est pas la priorité. Au niveau modeste où je pratique mon sport, le plaisir doit rester la première motivation. »

Le coureur de St André a d’ors et déjà réussi sa saison avec le sacre sur route. Il ne compte pas en rester avec en ligne de mire le national de CLM où il sera le grand favori. Gageons qu’avec une telle motivation et du travail, il devrait pouvoir réussir le doublé. Souhaitons lui.